Source : Pierre Ancery : Télérama du 21 novembre 2017
Son histoire est incroyable. Dans le documentaire captivant de David Korn-Brzoza, Jeunesses hitlériennes, l’endoctrinement d’une nation, Salomon Perel, 92 ans, raconte comment, jeune Juif allemand en fuite , il fut arrêté en 1941 par des soldats de la Wehrmacht. A la question des Allemands de savoir s’il était juif, l’adolescent répondit alors que non… et se retrouva enrôlé dans les Jeunesses hitlériennes. Il y restera jusqu’à la fin de la guerre, vivant et combattant aux côtés des nazis. Jusqu’à devenir l’un d’eux : en 1945, apprenant la mort de Hitler, il avoue s’être dit : « Le Führer est mort, tout est foutu. » Son récit, d’une force exceptionnelle, est l’un des dix témoignages d’anciens membres des Jeunesses hitlériennes, désormais nonagénaires, recueillis par le réalisateur. « Mon objectif était de comprendre quelle mécanique peut transformer des adolescents en fanatiques prêts à se battre et à mourir pour une cause », explique le documentariste. S’ils ont aujourd’hui totalement renié leur adhésion au national-socialisme, tous les interviewés expriment la honte et les remords qui les hantent, soixante-dix ans après.
Des stages d’été avec randonnée et cours de maniement des armes
Car le nazisme, ils y ont cru, comme nombre d’Allemands de leur génération, nés et élevés dans le culte de Hitler. « Ils n’avaient aucun autre horizon que le IIIe Reich, raconte David Korn-Brzoza. La presse et les radios étrangères étaient interdites, il n’y avait aucun adulte pour leur dire que c’était mal, que Hitler ne propageait que de la haine, qu’il était dangereux. On leur martelait que c’était une guerre défensive contre un ennemi puissant qui voulait leur perte. » Un endoctrinement dont les Jeunesses hitlériennes, en soustrayant les enfants à leurs familles, furent le principal organe. A partir de 1936, elles devinrent la seule organisation de jeunesse autorisée. Certains interviewés disent garder de bons souvenirs de ces stages d’été où on les faisait randonner en pleine nature et où on leur apprenait le maniement des armes. « Le IIIe Reich a fait les choses intelligemment, hélas, analyse le réalisateur. Il incarnait une espèce de séduction. Ces adolescents avaient un uniforme, ils défilaient, ils étaient acclamés dans leurs villes, ils avaient des responsabilités, un ennemi à combattre. Le régime les flattait, les mettait en avant. Tous le disent, d’ailleurs : ça leur plaisait. » Les images de grands rassemblements ou de séances d’entraînement militaire où l’on découvre ces jeunes galvanisés, prêts à tuer et à mourir pour leur Führer, font froid dans le dos. Et la parole des survivants apparaît d’autant plus précieuse aujourd’hui : « L’islam radical utilise les mêmes ficelles avec les jeunes qu’il cherche à endoctriner, estime Korn-Brzoza. On leur donne un chef, un salut, une cause, un ennemi, une guerre. On leur promet un rêve — et ils auront un cauchemar. »
il y a beaucoup à dire sur cette ville, où j’ai passé pour les études de nombreuses années à partir de 1967 au lycée Blaise Pascal sur la rive gauche, puis à l’Université de Mont-Saint-Aignan , jusqu’au service militaire effectué au 71e régiment du Génie – rive gauche encore- et pour finir mon premier job au SRAE de Rouen situé près du jardin des plantes en 1973.
Stéphane Bern part à la rencontre d’une grande reine du Moyen Age : Aliénor d’Aquitaine. Reine de France à 15 ans, grâce à son mariage au roi Louis VII, elle devient reine d’Angleterre à 30 ans, au bras d’Henri II Plantagenêt. Visionnaire et stratège politique, elle négocie, traite et arme les bras de ses fils pour conserver le trône d’Angleterre, comme sa très chère Aquitaine. Pour Richard Coeur de Lion, son fils préféré, elle assume même la régence de l’Empire, mâtant, à elle seule, toutes les rébellions. Des deux côtés de la Manche, des trésors du patrimoine vibrent encore de son histoire. Stéphane Bern visite notamment le palais de Westminster, qu’Aliénor a fait reconstruire, la rayonnante abbaye de Westminster, où elle fut couronnée, et le spectaculaire château de Douvres.
Les commentaires lors de la première diffusion en 2015
Sur France 2, SECRETS D’HISTOIRE consacre trois émissions inédites aux femmes avec un cycle “Les insoumises de l’été” à partir de ce 11 août 2015. La marquise de Sévigné, Aliénor d’Aquitaine et Désirée Clary seront à l’honneur.
Un magazine culturel présenté par Stéphane Bern, proposé par Jean-Louis Remilleux.
Ce 11 août à 20h55, Stéphane Bern part à la rencontre d’une grande reine du Moyen Age : Aliénor d’Aquitaine.
Première femme de pouvoir de notre Histoire ! Reine de France à 15 ans, avec son mariage au roi Louis VII, elle devient Reine d’Angleterre à 30 ans, au bras d’Henri II Plantagenêt. Belle et rebelle, Aliénor est aussi visionnaire et stratège politique. Pour Henri II son époux, elle fait naître l’incroyable légende du Roi Arthur. Elle négocie, traite et arme les bras de ses fils pour conserver le trône d’Angleterre comme sa très chère Aquitaine. Pour Richard cœur de Lion, son fils préféré, elle assume même la régence de l’Empire, mâtant, a elle seule, toutes les rebellions.
Sur fond d’amour passionnel, de vengeance et de trahison, Stéphane Bern vous fait voyager au cœur des plus beaux trésors du patrimoine des deux côtés de la Manche. Le palais de Westminster à Londres, qu’Aliénor fait reconstruire, la rayonnante abbaye de Westminster où elle est couronnée, et bien sûr le spectaculaire château de Douvres, qui veille toujours fièrement sur les côtes anglaises. En France, vous marcherez sur les pas d’Aliénor à Poitiers, dans le palais de son enfance, à Chinon où elle est faite prisonnière, et bien sûr à Fontevraud, où elle repose dans cette abbaye majestueuse. L’une des plus belles nécropoles royales de France…
Avec la participation de Martin Aurell (Historien), Philippe Delorme (Historien), Michel de Decker (Historien), Mireille Calmel (Romancière), Clara Dupont-Monod (Romancière), Professeur Nicolas Vincent (Historien), Steven Brindle
(Historien)…
Jacques Chaban-Delmas : « La dame d’Aquitaine » , livre acheté dans sa version originale (RMC édition ) au château de Châlus-Chabrol en août 2022 durant les vacances en Limousin ( St Mathieu en Haute-Vienne)
Par Schlabaya publié dans le blog paperblog: paperblog
[Jacques Chaban-Delmas : ] Le mot de l’éditeur : « En ce XIIe siècle où l’espérance de vie est brève, où les femmes meurent en couches et sont vieilles à trente ans, Aliénor d’Aquitaine part en croisade et en revient, met au monde dix enfants, est encore belle à soixante ans et meurt à quatre-vingt-deux ans.
Aliénor, fille de Guillaume X d’Aquitaine, tour à tour reine de France et d’Angleterre, épouse de Louis VIl le Capétien qu’elle quitte pour Henri II le Plantagenêt, est l’un de ces êtres d’exception qui marquent leur époque et infléchissent le cours de l’histoire.
Intelligente, cultivée, ambitieuse et courageuse, chevauchant des brumes d’Angleterre au soleil de Castille, elle rêve de bâtir un empire pour son fils préféré, Richard Coeur de Lion. Un rêve qui des siècles plus tard se réalisera et s’appellera l’Europe… »
Etant toujours en quête de documentation historique pour un projet qui me tient à coeur, j’ai lu avec grand intérêt cette biographie d’Aliénor d’Aquitaine par Jacques Chaban-Delmas, résistant de la première heure et homme politique de premier plan.
Née en 1122, Aliénor était la fille aînée de Guillaume X, et la petite-fille de Guillaume IX le Troubadour (ainsi nommé à cause de son goût pour les arts et les lettres). La loi salique n’étant pas en vigueur dans le pays d’oc, elle hérita des terres de ses ancêtres : le duché d’Aquitaine et le comté du Poitou. Puis, du fait de ses deux mariages, elle fut successivement reine de France et d’Angleterre, tout en conservant ses titres et ses terres. A la fin de son existence, elle régnait en son nom propre sur de vastes territoires, et conservait une certaine mainmise sur les affaires de la Couronne d’Angleterre.
Fait exceptionnel à une telle époque, cette femme, qui marqua profondément son siècle, a pris en main sa destinée bien plus qu’elle ne l’a subie. Sa jeunesse se passe dans les brillantes cours d’Aquitaine, où se pressent troubadours, jongleurs, poètes et écrivains s’exprimant en divers dialectes. En 1137, son père meurt brusquement lors d’un pèlerinage, après avoir pris soin d’écrire à son suzerain, Louis VI Le Gros, roi de France, pour lui demander de prendre soin de ses deux filles, et de marier l’aînée, Aliénor, au jeune dauphin, afin de réunir leurs domaines. A quinze ans seulement, Aliénor épouse donc à Bordeaux le futur Louis VII, lui-même âgé de seize ans. La nouvelle de la mort du roi Louis VI leur parvient peu après, à Poitiers, lorsqu’on remet aux jeunes époux la couronne du duché d’Aquitaine.
Aliénor devient donc reine de France. Elle est brillante, cultivée, ambitieuse, et s’ennuie à Paris. La capitale lui paraît austère et fruste. Regrettant l’ambiance raffinée et festive des cours de Bordeaux et de Poitiers, la jeune reine fait venir en son palais les chevaliers, troubadours et poètes aquitains. Sous son influence, Paris devient un haut lieu des arts et des lettres. Elle a ainsi contribué à l’essor des tournois, de la littérature, de la galanterie et de la culture chevaleresque d’une façon plus générale. Son sens politique développé l’a amenée à prendre une part active aux affaires du royaume – quoique pas toujours à bon escient – et à participer à la seconde croisade, de 1147 à 1149, qui sera un échec. Du fait d’une mésentente persistante avec Louis, auquel elle n’a donné que deux filles (donc, pas d’héritier, du fait de la loi salique), Aliénor est écartée du trône; en 1152, les époux font appel à un concile, qui, sous le prétexte complaisant de consanguinité, annule leur union, tout en reconnaissant la légitimité des deux filles qui en sont issues. La procédure se rapproche donc plus d’un divorce par consentement mutuel que d’une répudiation.
Aliénor récupère ses terres de Poitou et d’Aquitaine, ce qui est une très mauvaise affaire pour le royaume de France.; elle épouse bientôt le jeune Henri Plantagenêt, comte d’Anjou (domaine qui regroupait alors le Maine, la Touraine et jusqu’à la Normandie. Les possessions du couple s’étendent donc sur une grande part de l’ouest de la France. Qui plus est, Henri Plantagenêt a des prétentions sur la couronne d’Angleterre, et finit par accéder au trône en 1154 sous le nom d’Henri II. Aliénor devient donc reine à nouveau; elle et son nouvel époux, bien que vassaux de Louis VII, sont bien plus puissants que lui. Les souverains ont ensemble huit enfants, dont cinq fils : la succession de leurs divers domaines est assurée. Aliénor souhaite que ses descendants puissent régner un jour sur la France et l’Angleterre, royaume qu’elle rêve de voir réunis. Durant une douzaine d’années, Henri II et Aliénor vivront en bonne intelligence, et uniront leurs efforts pour assurer la prospérité et la bonne gestion de leurs territoires. En 1166, pourtant, lorsque Henri II affiche sa liaison avec sa maîtresse Rosemonde, ils se séparent. Aliénor repart pour l’Aquitaine, mais intrigue contre son mari en faveur de ses fils. En 1173, Henri II la fait prisonnière : elle restera captive durant une quinzaine d’années, jusqu’à la mort du roi, en 1189. Aussitôt libérée, à soixante-sept ans, elle reprend possession de ses domaines, et s’empresse de seconder son fils Richard Coeur de Lion, devenu roi d’Angleterre, auquel succèdera son jeune frère Jean sans Terre en 1199; infatigable, elle chevauchera en tous sens afin de régler les questions de succession, d’apaiser les conflits et d’organiser les unions de ses descendants, avant de mourir, octogénaire, en 1204.
Moi qui lis assez peu d’ouvrages historiques, j’ai trouvé cette biographie passionnante et accessible. Jacques Chaban-Delmas a réussi à dépeindre une époque à travers la figure singulière d’Aliénor, et a montré de quelle façon cette reine a marqué son temps et influé sur les siècles à venir aussi bien politiquement que sur le plan culturel. A travers ses idéaux et ses ambitions, on peut voir une préfiguration de la Renaissance : fin de la féodalité, avènement des Etats-Nations centralisés, apparition de l’Europe en tant qu’entité politique, essor de l’art profane et de la littérature, séparation des domaines religieux, politique, culturel… En revanche, je n’ai pas été convaincue par le parallèle que l’auteur trace entre Aliénor d’Aquitaine et Charles de Gaulle à la fin de son ouvrage. A tort ou à raison, j’y vois plutôt un hommage au général qu’une comparaison pertinente. L’admiration et le respect qu’éprouvait Chaban-Delmas (gaulliste de gauche) pour le chef de guerre et l’homme politique sont indéniables. Mais je pense que De Gaulle et Aliénor d’Aquitaine n’étaient pas motivés par les mêmes ressorts. Aliénor paraît mue par l’ambition personnelle et le désir de transmettre à ses héritiers le royaume le plus vaste et le plus puissant qui soit. De Gaulle (quoi qu’on puisse penser de ses actions politiques, les guerres d’Algérie et d’Indochine, par exemple !) était animé par une certaine idée de la France et du bien public. En revanche, il faut reconnaître au crédit de la dame d’Aquitaine qu’elle a œuvré pour le développement de la culture et une certaine libération des moeurs, ce qui n’est pas nécessairement le cas de De Gaulle…
Visite à l’abbaye de Fontevraud en août 2019 après les vacances en famille à Saint Palais